11 mars 2013

From the useful to the pleasant...




Tea leaves and water. A cup for bringing them together.

This is all you need to obtain a cup of brewed tea. And yet, for a number of amateurs, it is rather far away from this simplicity. And I know what I'm talking about, being part of the "materialistic" category, in the literal sense of the term, owning numerous teapots, gaiwan (Chinese covered cups), cups, jars, tetsubin (Japanese cast iron kettles), chataku (tea cup saucers, also of japanese origin) and a lot of other more or less essential teaware.

Isn't this an error, a contradiction, if one considers the relative simplicity claimed by Chinese or Japanese tea lovers when they talk about tea? Aren't the chinese chadao and japanese sado more about an opportunity to lean towards an ideal of sobriety, almost an asceticism, and at least to forget about the excesses of the surrounding consumerism, both dehumanizing and sheepish?

To ask the question differently, why is this tetsubin necessary? If one needs to heat water, the first (clean) pan should be sufficient. A very simple kettle would also do the trick. When one adds the fact that these tetsubin, especially if they are old and of a good quality, are quite difficult to find and most of the time expensive, how can one explain the acquisition of one (or more...) of these?



From the useful to the pleasant...

I have been drinking tea for more than fifteen years. Chinese, Taiwanese or Japanese, usually quality loose leaf teas, prepared with care and a profound pleasure. My first teas of quality were prepared in a simple mug; just by adding pan-boiled water over leaves, and then pouring in a second mug through a small strainer in order to filter the leaves. Basic but effective. With time and the discovery of a world that widely exceeded the simple beverage, I started to increasingly appreciate the Asian Tea culture where teaware but also architecture, music, painting are associated with tea. From readings to people I met, from travels to discussions, direcly related to tea or completely unrelated to it, I got more and more attracted by the thinness of a porcelain cup, the grain of a Yixing teapot or the craftmanship of tin or iron...

And beyond those "technical" aspects and the care for details found in these objects, other completely subjective criterias like beauty, balance and harmony, or tactile sensations, sounds (the water gently whispering in a tetsubin...) became increasingly important for me in the pleasure of preparing and sharing tea. Another point of interest that I think deserves to be highlighted is the craftsmen's know-how, often ancient. The sum of these intangible considerations makes, in my opinion, the strong added value , not easily measurable, that makes me appreciate so much that sago, a simple old tea scoop made of pine wood. I found it on a well-known auction website and I had to struggle a bit, at least financialy!
 
Of course, it is first of all a matter of buying something. But, my resources are limited, and it is actually aesthetic, almost emotional, criterias which make me choose a particular object. Through this passion for tea, I have accumulated a number of things that spans from the "not absolutely necessary" (jars, chataku) to the "obviously not essential" (kakejiku, postcards, woodblock prints). Yet, every one of them participates in the pleasure of sharing a serene moment, of transmitting this passion to others.

 
I limit my acquisitions to objects which I will actually use. Even if some teaware is less often at the tea-table than others, none of my teapots is decorative, all my jars are filled with tea and the cups are regularly changed, depending on my mood, the tea that I choose or the guests gathered around the table.




Finally, it gives me the opportunity to make photos to illustrate this quite long article. I hope I managed to express the idea that when an object has a "soul", it can bring us much more than its simple useful aspect or than its market value.

P.S. : it was difficult for me to express in english exactly what I wanted to say, so please feel free to correct me if you think I got it wrong or if it is not understandable. Thanks!

8 mars 2013

De l'utile à l'agréable...




Des feuilles de thé et de l'eau. Une tasse pour les réunir.

Voici, en substance, les seuls éléments absolument indispensables à l'obtention d'un thé infusé. Et pourtant, pour un certain nombre d'amateurs, on est bien loin de cette simplicité matérielle. Je le sais d'autant mieux que je fais plutôt partie de la catégorie des "matérialistes" au sens premier du terme, possédant en de multiples exemplaires théières, gaiwan (tasse couverte chinoise), tasses, jarres, tetsubin (bouilloire japonaise en fonte), chataku (sous-tasse, également d'origine japonaise), et autres accessoires plus ou moins indispensables...

N'y a-t-il pas ici une dérive, une contradiction par rapport à la simplicité revendiquée par les amoureux de thés chinois et japonais quand ils parlent du Thé? Le chadao chinois ou le sado japonais ne sont-ils pas au contraire l'opportunité de tendre vers un idéal de dénuement, presque une ascèse, et en tout cas d'oublier les débordements d'un consumérisme ambiant, déshumanisant et conformiste?

Pour poser la question autrement, en quoi la tetsubin présentée ici est-elle nécessaire? Car s'il faut bien chauffer l'eau pour préparer le thé, la première casserole venue semble suffisante pour cette tâche. Une bouilloire toute simple saura également remplir cette fonction basique. Quand on ajoute le fait que ces tetsubin, surtout si elles sont de qualité et anciennes, sont assez compliquées à trouver et onéreuses, comment expliquer l'acquisition d'une (voire de plusieurs...) d'entre-elles?



De l'utile à l'agréable...

Cela fait plus de quinze ans que je bois du thé. Chinois, taïwanais ou japonais, de bons thés, en feuilles, préparés avec une certaine attention et un profond plaisir. Mes premiers bons thés ont été préparés dans un mug ; feuilles au fond, eau bouillante chauffée à la casserole par dessus. Infusion et hop, je transvasais dans un second mug avec une petite passoire pour filtrer les feuilles. Basique mais efficace. Avec le temps et la découverte d'un univers bien plus large que l'infusion en elle-même, je me suis mis à apprécier de plus en plus cette culture asiatique du Thé où les ustensiles mais aussi l'architecture, la musique, la peinture sont associés à cette boisson. De lectures en rencontres, de voyages en échanges, en lien direct avec le thé ou sans aucun rapport avec lui, je devenais de plus en plus sensible aux beaux objets, à la finesse d'une tasse en porcelaine, au grain d'une théière de Yixing, au travail artisanal de la fonte ou de l'étain...


Et au-delà de l'aspect "technique" et du souci du détail de ces objets de thé, les critères totalement subjectifs de beauté, d'équilibre, ou d'harmonie, et les sensations tactiles ou même sonores (ah, le crépitement de l'eau d'une tetsubin...) ont de plus en plus fait partie intégrante du plaisir de la préparation et du partage du thé. La mise en avant d'un savoir-faire artisanal, parfois ancien, est aussi pour moi quelque-chose de profondément attachant. La somme de ces considérations immatérielles apporte, pour moi, cette valeur ajoutée pas toujours mesurable qui me pousse vers une nouvelle théière ou qui me fait tellement apprécier ma sago, cette simple cuillère à thé ancienne en bois de pin que j'ai trouvée sur un site d'enchère bien connu et pour laquelle je me suis un peu battu, au moins financièrement!


Car, oui, c'est effectivement d'abord un achat. Mais mes moyens sont tout à fait limités (encore plus ces derniers temps d'ailleurs) et ce sont bien des critères esthétiques, presque émotionnels parfois, qui me font m'entourer de certains objets choisis. Gravitant autour de cette passion du thé, j'ai accumulé un certain nombre de choses pas absolument indispensables (jarres à thé, chataku) voire totalement non essentielles (kakejiku ; peinture ou calligraphie encadrée de papier ou de tissu, en rouleau et accroché au mur, cartes postales, estampes) mais qui chacune participe à un degré ou un autre au plaisir de partager un moment serein, de transmettre cette passion et d'échanger autour des valeurs que véhicule pour moi tout cet univers du Thé.




Le meilleur garde-fou que j'ai trouvé, c'est de n'acquérir que des objets dont je me servirai. Même si pour certains l'utilisation est moins fréquente, pas une seule de mes théières n'est décorative, toutes mes jarres sont remplies de thé et les tasses utilisées en fonction de mes humeurs, du thé choisi et des personnes réunies autour de la table.

Et puis, finalement, cela me donne l'occasion de faire quelques photos pour illustrer ce long article, en espérant avoir su faire passer cette idée toute simple : les objets, quand ils ont une âme, peuvent nous apporter bien plus que leur caractère simplement utile ou que leur seule valeur marchande. A bientôt...

P.S. :  j'ai choisi de laisser les termes chinois et japonais, en italique, au singulier. Il me semble que c'est une règle qui est discutable puisque certains mots étrangers sont aujourd'hui francisés et intégrés dans nos dictionnaires, avec leurs pluriels. C'est uniquement un choix personnel basé sur le fait qu'il me semble que le pluriel n'existe pas pour les noms communs dans ces deux langues.

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